Le Cycle de Mars enfin adapté
Ancien capitaine de l’armée sudiste aujourd’hui en fuite, John Carter est désespérément en quête d’une mystérieuse mine d’or sensée assurer sa richesse. Quand, par le plus grand des hasards, il met finalement la main dessus, il finit enfin par se convaincre que la chance lui sourit enfin. Mais par un enchainement de circonstances inexplicables, le voilà qui se retrouve brutalement transporté en un lieu inconnu.
De péripétie en péripétie, il va faire la découvertes de peuplades étranges, de grands humanoïdes verts à quatre bras ou des humains à la peau rouge qu’une guerre plusieurs fois centenaires oppose en d’inextricables conflits. Instruit de la langue commune, il va apprendre que sa Virginie natale est bien plus loin à présent qu’il ne le soupçonnait : le voici sur la planète Barsoom, celle que nous appelons, sur Terre, Mars.
Doté d’une force prodigieuse et capable de sauts démesurés grâce à la pesanteur réduite de la planète, John Carter va devenir un enjeu majeur dans la guerre qui fait rage entre les peuples de Barsoom. Et quand à la clé se trouve le cœur de la belle princesse d’Hélium, le terrien peut-il vraiment renoncer à s’y impliquer ?
Après Tarzan, Disney revient à Edgar Rice Burroughs
Ecrivain prolifique du début du XX° siècle, Edgar Rice Burroughs aura marqué durablement les imaginations avec ses personnages de Tarzan et de John Carter, sans oublier les cycles de Venus ou de Pellucidar. Romancier populaire, à l’imagination fertile mais souvent prototypique dans ses personnages, Burroughs semblait tout destiné à être adapté par Disney tant ses personnages peuvent par moment être manichéens et archétypaux. La Princesse de Mars, premier tome des 11 romans de son cycle martien, et objet de la présente adaptation, ne déroge pas à cette règle.
Après le très mauvais Prince of Persiaqu’un bon casting et un réalisateur de renom n’avaient pas sauvé d’un néant abyssal, Andrew Stanton, réalisateur récurrent de Pixar, s’attèle à la lourde tâche de faire mieux. Malgré des acteurs principaux peu connus, il a pour lui l’une des œuvres qui a sûrement été parmi les plus marquantes pour nombre de réalisateurs de ces dernières décennies.
Et en réalité, ce qui était une force va vite s’avérer une faiblesse. L’évidence est pourtant là : John Carter arrive trop tard. Précurseur lors de son écriture (seuls Jules Verne ou Abraham Merritt s’étaient déjà aventurés sur ces terres), le film accuse lui un temps de retard. Œuvre pionnière en son temps, le Cycle de Mars a depuis longtemps influencé le monde du cinéma, de Star Wars à Avatar. Ce dernier ayant même fait connaître au grand public les bases du planet opera dont Burroughs pourrait se prévaloir. Autant d’œuvres qui ont marqués le spectateur et sont devenues les références qu’auraient pu être les œuvres de Burroughs. Le mal est fait, l’impression de déjà-vu ne nous quittera plus malgré les richesses et l’exotisme barsoomiens.
Car il faut reconnaître que la transposition visuelle de Barsoom est splendide. De ses vaisseaux élancés à la sauvagerie de ses titanesques singes blancs, le film en met plein la vue. A se demander pourquoi avoir voulu y ajouter une 3D complètement inutile, mal calibrée et qui nuit par moment à la lecture des scènes d’action ? Préférez-y la version 2d : décors et extra-terrestres sont magnifiques, nul besoin d’artifices pour mieux les apprécier.
Derrière sa sublime plastique, le film sonne néanmoins creux. Encore une fois victime d’une direction d’acteurs déplorable, Disney a du mal à construire un John Carter charismatique, ou à donner une réelle cohérence à ses personnages. Bien que le charme rustique du Cycle de Mars n’en soit pas complètement oblitéré, il est bien mal desservi par cette adaptation un peu fade. Un succès en demi-teinte pour ces deux heures vingt qui raviront le grand public tout en laissant un soupçon de déception aux amateurs de la planète rouge.
Et pour finir…
Petit aparté, n’étant pas en rapport direct avec le film, mais que je ne peux m’empêcher de commenter tant la pratique est détestable.
En ce moment parait chez Bibliothèque Verte un ouvrage intitulé John Carter – Le roman du film, comme vous l’aurez deviné, une adaptation du scénario en livre jeunesse. J’ai lu le Cycle de Mars alors que je ne devais guère avoir plus de douze ans, entre un Bob Morane et une aventure de Doc Savage. Burroughs, simple d’accès et pourtant tellement novateur, est pour moi une figure incontournable de ce qu’est devenue la SF aujourd’hui. Reprendre, sans même que l’auteur soit mentionné, un adaptation d’une de ses œuvres littéraires pour en refaire est livre est aussi bassement mercantile qu’hautement méprisable et je ne peux qu’encourager les parents de jeunes lecteurs à se tourner vers l’œuvre d’origine plutôt que vers un fac-similé grotesque.